Au Fil du Verdon – Jour 11

Au Fil du Verdon – Jour 11

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On y est. C’est le dernier jour !!

Réveil réglé sur 7h, mais je suis réveillé avant. Je profite de ces derniers instants allongé au chaud, avant de sortir au froid pour m’habiller.
Mais l’heure tourne et je ne sais pas pour combien de temps je vais en avoir pour arriver au bout du Verdon… vais-je y arriver d’ailleurs, rien n’est moins sûr !!
De plus, Marion doit venir me récupérer à Vinon-sur-verdon à 13h. Et oui on est de retour… faut respecter le timing..

Je me redresse donc comme je peux dans la tente… Je vous rappelle que je dois écrire a queshua pour connaître leur gabarit type pour le nombre de personne par tente. J’en profiterai pour leur causer aussi de la hauteur..
Je récupère mes fringues dans mon sac à viande et m’habille. Et là tu prends conscience que tout ce que tu vas faire sera « le dernier ».
Dernier habillage, dernier petit dej, dernier montage de sac, etc..

9h, c’est l’heure. Je décolle enfin. Le sac est léger, j’ai quasiment plus d’eau, mais chargé malgré tout… d’émotions.
J’arrive au bord du Verdon que je ne quitterais presque plus jusqu’à la fin..

Je traverse un hameau, et le problème est que quand tu marches depuis des jours dans la nature, tu n’es plus habitué à tous ces panneaux rouges avec une barre blanche au milieu… que des interdits 😱😱😱 c’est quoi ce délire.???
Sur ma carte il y a bien un chemin qui débouche et la « propriété privée », « interdiction d’entrer », « villa piégée » wouaw… on est bien revenu à la civilisation… mais chez les civilisés rien n’est moins sûr !!

Du coup, respectant les interdictions, je me vois faire un crochet beaucoup plus important que prévu, me faisant m’éloigner un peu du Verdon…

A un moment, j’arrive sur un sentier, ouvert mais pas trop et qui finalement se ferme.
Je décide du coup de faire mon chemin le long d’un champ..
Mais au bout, j’avais été repéré !! Je suis attendu..
« Vous marchez dans mon champ la ».. wouaw quelle perspicacité !! En effet… je suis bien dans son champ… mais bon je vais pas me laisser dire… on est du sud ou bien ??
« Bonjour, en effet, je devais emprunter le sentier qui longe votre champ, mais dans l’état où il est, je n’ai pas eu le choix que de bifurquer.. »
« S’il fallait entretenir tous les sentiers du coin.. »
« Je ne sais pas, mais bon, moi sur ma carte j’ai un sentier or la, c’est juste un champ de ronces… du coup faut bien passer à quelque par !! « 
C’est bon, je l’ai convaincu, le ton baisse et il me demande d’où je viens, ce que je fais etc… Ça y est, on est pot

Je longe le Verdon, croise des cavaliers qui font trotter leur chevaux sur des larges chemins, entends de nouveaux le bruits des voitures. Pas de doute, je suis près de l’arrivée.

Le sentier me fait traverser le Verdon par un gué. Mais avec près de 60cm d’eau, je le sens mal. Va encore falloir faire un choix. Je me déshabille, met les affaires sur le haut du sac et espère de ne pas finir tel un bouchon flottant jusqu’à la Durance ou je cherche un autre passage.
Je retiens finalement cette solution.
J’en profite pour marcher un peu dans le lit de la rivière, tellement large et sec que je ne risque pas grand chose !! Je suis au coeur de mon sujet !!
Mais je perd du temps et les berges ne me permettront bientôt plus de remonter, alors à la première occasion, je sors…

Je continuerai par un chemin, surplombant l’eau.

Vinon, enfin. Il m’a fallu un temps fou avec tous ces détours pour arriver à destination. Je traverse le pont qui enjambe le Verdon et je me lance sur ses bords. Pas vraiment de chemin ni de sentier, mais ça a été débroussailler. Un peu galère car tout est resté au sol, mais bon j’avance… Je croise un pêcheur, quelques personnes venues se poser tranquillement et c’est tout.

J’arrive au bout, le chemin quitte les bords de l’eau. Je ne suis pas ravi mais je vais tenter.
Finalement, le bout de mon itinéraire tracé me mène dans une sorte de marécage, qui rejoint Louane.
Nonnnn pas la chanteuse !!! Un petit cour d’eau qui se jette dans le Verdon, qui s’appelle la Louane… Ça s’invente pas 😁😁

Du coup je rebrousse chemin et reviens là où j’étais le plus près de l’eau pour faire mes dernières photos.

La gorge nouée, je m’assois un peu.
Je repense à tout ce que j’ai descendu et monté, longé voir traversé pour ne pas arriver à voir le Verdon se jeter dans la Durance.
J’avoue être un peu déçu. Mais bon, on m’avait prévenu, il ne semble pas y avoir d’accès vraiment au point de confluence…

Je donne mon point gps pour que Marion me retrouve et commence à entamer mon retour.

Durant ces quelques minutes, les questions restées sans réponses la veille resurgissent…

Marion arrive. Dorian se jette dans mes bras. Il est content mais ne se gêne pas pour me dire au bout de quelques secondes « Bouuu tu pue !!! » mdr
C’est pas grave, je ne peux pas lui en vouloir… c’est la vérité.

Câlin familial, il fait faim… et soif !!
Nous allons dans un snack où à ma grande surprise, on sert des pinte de bière !!! Quoi de mieux pour mon retour !!! J’en prendrais 2 lol
Qu’est ce que ça fait du bien !!

Mais il me reste malgré tout ce regret. Le regret de ne pas avoir pu vraiment m’approcher de la confluence entre le Verdon et la Durance.
Je regarde sur la carte et me rend compte qu’il est peut-être possible non pas de m’approcher mais de surplomber la confluence.
J’en parle avec Marion et nous décidons qu’après manger, nous irons.
Et nous y sommes allés !!

Je suis heureux. J’ai vraiment l’impression d’être allé au bout de mon projet. Il ne m’en faut pas plus.

Restent du coup mes questions… Ai-je vraiment fait tout ça juste pour me faire un délire ?? Assurément que non !!

Depuis plusieurs jours j’y pensais… Mon métier. Mon métier est-il vraiment ce que je voulais et comme je le voulais ?? La réponse est non.

Depuis des années la photo ne me passionne plus. Je fais des photos en ayant en tête uniquement de savoir si je vais pouvoir les vendre… si j’estime que non, à quoi bon la faire… mon ordinateur est plein de photos inutiles..
Lorsque je fais des photos en studio avec modèle, je me suis rendu compte que ce n’était pas La photo qui m’intéressait mais le projet. Trouver une idée, une façon de la réaliser. Trouver et convaincre une personne de se greffer à moi sur le projet et le réaliser. Mais au final le résultat de la photo est anecdotique… Qu’elle plaise ou pas, la n’est pas ma satisfaction..
Mais alors à quoi bon être photographe ??

D’ailleurs, est ce le destin ou le karma où je ne sais pas, mais j’avais décidé de ne pas prendre mon canon 5D mark VI pour cette rando. Trop volumineux, trop lourd. J’avais décidé de prendre du coup mon compact expert, le G7x et mon téléphone…
Mais le premier jour, lundi 8 avril, l’heure de décès de mon compact sonna à 12h45.
Je l’avais attaché à la fermeture pectorale de mon sac et quand j’ai tout défait… paf dans la neige… Je lui administre les premiers secours, mais rien y fait, il est mort…

Je réfléchi à des solutions. Marion monte dans 2 jours, je peux m’en faire prêter un… je verrai..
Puis la journée passe, le lendemain aussi et le troisième jour… et je découvre, enfin non, je redécouvre le plaisir de faire des photos… mais avec mon téléphone !!! 😱😱

En effet, même avec mon compact faire une photo est une sinécure… choix du bon réglage, choix des fonctions, raw ou JPEG puis va falloir traiter en rentrant… bref que de questions avant même d’appuyer sur le bouton…
Alors qu’avec mon téléphone je redeviens l’étudiant que j’étais, quand il fallait traiter un sujet avec un simple sténopé…
On se moquait plus ou moins de l’exposition, seul le cadrage et l’émotion que la photo restituée n’avaient d’importance…

Et bien j’ai redécouvert ce plaisir. Faire une photo juste pour l’émotion qu’elle me procure et la partager…
Voilà des années que je ne suis plus photographe mais un simple opérateur… j’ai redécouvert grâce à ces 10 jours le plaisir d’être à nouveau photographe… écrire mon histoire avec la lumière, tout simplement.

J’ai aussi redécouvert le plaisir du partage de mes photos. Depuis pas mal de temps, je me suis enfermé dans les concours de photographes pour photographes… C’est très bien mais au final, c’est très nombriliste. On cherche tous le petit défaut qui fera que l’on pourra ou non juger une photo… et petit à petit, on ne regarde plus l’émotion ou l’histoire de la photo mais juste si le bruit n’est pas trop présent, si le dudge and burn a bien été réussi, si le blanc n’est pas brûlé et si le noir n’est pas trop profond… bref vous m’avez compris…

Alors oui, j’avais besoin je pense de revenir à ce qui m’a donné envie de devenir photographe… faire simplement des photos qui me plaisent et les partager avec d’autres…tout simplement…je crois que j’y suis parvenu…et j’en suis ravi !!!

Pleins d’autres questions se sont posées à moi durant ces 10 jours, et j’espère trouver des réponses à chacune au fil du temps..

Pour finir, ou pas…
Une chose est sûre, c’est que je ne parviendrais peut être jamais à gravir Mon Everest…
Mais ce que je pourrais dire, c’est que cette rando, je l’aurai réfléchie, préparée et réalisée… et ça fait du bien !!!

Me voilà donc rentré chez moi, à Aups. Je n’ai jamais été bien loin quand on y regarde..
Des souvenirs pleins la tête, des images, des choix que j’ai du faire et les rencontres. Ces rencontres qui resteront à jamais ancrées en moi et à mon histoire…

Je ferais un petit, nonnnn pourquoi petit… un grand post pour mes remerciements..

J’ai fini mon chemin aujourd’hui mais je ne sais pas si l’histoire, elle, est finie… ça, c’est l’avenir qui nous le dira !!!😁😁

Je remercie encore toutes les personnes de m’avoir suivi, soutenu et accompagné durant ces 10 jours !!!🤘🤘
Beaucoup de choses n’auraient pas été possible sans vous et ça, je ne l’oublierai jamais.

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